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Je vous souhaite de très beaux voyages de lectures.

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Bistro à  Champlain : une des plus belle cave à vin au monde qui compte aujourd’hui plus de 35 000 bouteilles !!!! Avec un espace dédié uniquement aux magnums et aux grands formats, dont une centaine de Mathusalems (bouteille de 6 litres) du Domaine de la Romanée-Conti !

Inauguré en 1987, le Bistro à Champlain est installé sur l’emplacement d’une ancienne épicerie générale construite en 1864.  Acheté en 1974 par Champlain Charest et le peintre Jean-Paul Riopelle, ce beau bâtiment intact surplombe majestueusement le Lac Masson.

Aujourd’hui on vient du monde entier pour admirer la cave à vin exceptionnelle, montée au fil des ans par Champlain Charest et pour y goûter une cuisine dont l'excellence ne cesse d’être récompensée. Une histoire extraordinaire que celle de ce passionné du vin et de sa compagne Monique Nadeau, amis et voisins du plus célèbre peintre québécois Jean-Paul Riopelle qui a créé l'étiquette du Château Mouton-Rothschild en 1978.

Me voilà assise à côté de Champlain Charest, mieux, entrain de partager un verre de bourgogne avec cet homme au fabuleux destin : Champlain Charest, un québécois qui a sans aucun doute été bourguignon dans une autre vie. L’homme qui fut le précurseur des vins de bourgogne au Canada, il le dit lui même « je suis un bourguignon de cœur ».

Champlain Charest né en 1931, sur une ferme à Sainte Hélène de Kamouraska. Dès la petite enfance Champlain semble avoir une vocation : la médecine, il sera donc médecin. Après des années de pensionnat difficile, qui l’ont contraint à accepter une certaine autorité, Champlain décide très jeune de prendre sa vie en main, de se sentir libre et il se promet de n’accepter plus tard cette autorité que si elle est justifiée. Suivront des études de médecine  à l’Université de Montréal. En 1957 il rencontre Réjane Saint-Pierre avec qui il se marie. Leur premier enfant naîtra en 1959, une fille : Marie-Claude. La famille quitte ensuite Montréal pour Washington pendant 6 mois pour permettre à  Champlain d’étudier la radiologie. Départ ensuite pour Havard à Boston pendant 2 ans.

Champlain aurait pu alors décider se s’installer à Harvard ou un travail lui était assuré en cette fin d’étude. Le destin en décide autrement, une proposition à l’hôpital Saint-Luc ou un service flambant neuf de radiologie vient d’être inauguré, le séduit plus. En 1964, c’est la naissance de leur deuxième fille.

C’est cette année là qu’il rencontre un certain André Légaré. André Légaré comme Champlain fait partie de l’équipe du nouveau département de radiologie de l’hôpital dirigé par le Dr Arthur Vallée. André Légaré venait de passer un an à l’hôpital Necker des Enfants malades à Paris, homme d’une grande intelligence et d’une grande culture. Champlain est tout de suite fasciné par cet homme si érudit qui est comme lui un boulimique de la vie. André est très mondain et lors de son séjour à Paris, il côtoyait des grands amateurs de vin, des collectionneurs d’art, et des passionnés de musique, lui même passionné d’opéras. Déjà à l’époque, il possédait une belle collection de vins, et vivait entouré de toiles de Borduas et de Riopelle, entre autres, fin connaisseur d’opéra, il se rend régulièrement au Metropolitan Opéra de New York. Un érudit donc, un grand sensible : bref un épicurien. Champlain l’écoute et apprend de lui. Un nouveau monde de culture s’ouvre à Champlain qui comme un buvard capte toutes sensations. Légaré et Charest font ensemble la tournée des galeries d’art, des artistes et des collectionneurs. Les premiers vins que Champlain boit sont les vins de la cave de Légaré, des Château d’Yquem, des Romanée Conti, des Lafite, des Latour… Son goût n’est pas encore fait, ni en vin, ni en art, mais l’équipe de radiologistes dont il fait partie sont tous des passionnés et chaque jour on parle de vin, de peinture et de musique… « J’ai assez manqué de tout, si maintenant je peux profiter des belles choses de la vie… » dit Champlain.

Un jour il va en compagnie d’André Légaré au Musée des beaux-arts de Montréal, Champlain est fascinée par un tableau de Jean-Paul Riopelle. Riopelle est déjà un peintre reconnu…Quelques temps plus tard, Champlain doit se rendre en Suisse pour un congrès de médecine. Il profite de ce voyage pour passer un peu de temps à Paris ou il rencontre grâce à un cousin, Jean Paul Riopelle dans son atelier. L’amitié des deux hommes sera scellée plus tard dans la nuit au Rosebud, un bar de Montparnasse qui existe toujours, QG de Riopelle. Pour Champlain comme pour Riopelle, les rencontres sont importantes : elles ont été cruciales dans leur choix de vie et dans le déroulement de leur vie comme nous le verrons plus loin.

Nous sommes en 1966, Champlain Charest gagne correctement sa vie et ne se prive pas d’acheter des tableaux, du vins, il voyage également souvent. Champlain ne se prive de rien. « Tout le vin, c’est des paris parce que j’avais pas les moyens de l’acheter ! » Il se dit qu’il arrivera bien à payer et comme c’est un gros travailleur, en plus de son salaire de médecin associé à l’Hôpital Saint-Luc, il part chaque fin de semaine exercer son métier dans des régions éloignées, histoire d’augmenter ses revenus. Champlain est un boulimique de la vie, un compulsif, mais il l’assume. Il vit à cent pour cent !

L’aventure du bistro Champlain commence….

Nous sommes maintenant en 1974, et moi toujours en 2010, entrain de boire mon deuxième verre de Gevrey Chambertin 2005, Domaine Denis Mortet ! J’écoute Champlain avec application ; chaque détail à son importance, sa mémoire est impeccable, il connaît le contenu de sa cave par cœur, et entre deux souvenirs me déclare fermement que « Un verre de Bourgogne en appel forcément un autre (j’obtempère assez docilement), alors que le Bordeaux, après une bouteille on en a assez». Bon ok c’est son point de vu. Riopelle vient de se faire construire un atelier, sur les bords du Lac Masson, à côté de celle de son inséparable ami Champlain. Nous sommes à la veille de Noël, et Riopelle apprend par le propriétaire lui-même que le magasin général, lépicerie du village est à vendre, qu’un acheteur a été trouvé et qu’il va sans doute tout rasé pour reconstruire un motel. Il appelle aussitôt son ami Charest et lui ordonne d’aller acheter l’acheter avant qu’il ne soit trop tard. Peu de temps après, les deux compères décideront d’ouvrir un restaurant dans cette ancienne épicerie, tout deux amoureux du vin, et de la bonne cuisine, la région étant en manque de restaurants, toutes les raisons sont bonnes. Un nom est trouvé : Le Va-Nu-Pieds, (parce qu’historiquement les riches étaient à l’Estérel et les pauvres à Sainte-Marguerite…)

Les critiques sont excellentes et les clients affluent. Le chef, un professeur de l’institut de l’Hôtellerie est si heureux de ce succès qu’il demande aussitôt une augmentation à ses patrons. Champlain refuse, le chef s’en va, il faut en trouver un autre ! Riopelle en déniche un autre dans un restaurant de Vétheuil, une petite commune du Val d’Oise en France. Le nouveau chef arrive avec femme, enfants et bagages. Ils resteront un peu plus de deux ans. Mais un restaurant coûte beaucoup d’argent s’il n’est pas plein tout le temps. Champlain Charest cherche une formule pour en gagner, mais pour l’instant il en perd beaucoup trop et fini par décider de fermer et de vendre le restaurant. 1981, Une année horribilis comme dit la Reine Elisabeth II, en plus de l’échec du restaurant, Champlain se sépare de sa femme. C’est l’année des grandes ruptures…

Il vend le restaurant, mais ne sera finalement jamais payé, alors il fini par le reprendre et le ferme définitivement. Il vide tout, coupe l’eau et part travailler dans l’Ouest. Mais dans s tête il n’est pas question de faire faillite, et il va travailler deux fois plus fort. A son divorce s’ajoute une rupture d’amitié avec Jean-Paul Riopelle. Il se brouille pour une histoire de chef et ne se verront plus beaucoup.

Le temps passe. Champlain qui s’est refait une santé financière regrette son restaurant. Comme il est toujours propriétaire de l’ancienne épicerie du village, en 1987, il ouvre le Bistro à Champlain avec sa nouvelle femme Monique Nadeau. Une nouvelle aventure commence : c’est la grande ouverture, même Jean-Paul Riopelle sera présent !!!

C’est en 1988 quand il reçoit le Grand Award du magazine Wine Spectator, qu’il commence la construction de sa cave à vins. Un énorme chantier, vous imaginez assez aisément que l’on ne construit pas n’importe comment une cave qui devra contenir plus de 30 000 bouteilles ! Quelques années auparavant, il avait acheté tout l’aménagement de la toute première maison des vins. De grands panneaux et des tablettes en verre avec des grands miroirs. C’est ce qui lui servira d’aménagement pour sa cave en utilisant les miroirs au plafond pour agrandir l’espace. Il utilise l’ancienne cave de l’épicerie comme passage à la nouvelle, faite de béton armé pour résister au feu !

Ainsi Le Bistro à Champlain se fait une place comme grande table et sa réputation s’établit avec panache. François Chartier devient le sommelier du Bistro. Les gens l’apprécient beaucoup et chaque fois qu’il conseille un vin, cela devient un grand spectacle ! Le Bistro à Champlain est définitivement une institution !

Voilà. La cave de Champlain Charest est aujourd’hui composée de plus de 35 000 bouteilles et renferme des crus prodigieux. Depuis 1988, l’année où il a reçu pour la première fois le Grand Award du prestigieux magazine Wine Spectator, la plus grande distinction possible de cette mythique publication sur le vin, il l’obtient chaque année sans interruption. Vous l’aurez compris je viens de rencontrer un passionné de la vie : arts, vins, bonne tables et voyages, médecine, chasse et pêche. La passion de pouvoir partager avec les gens…surtout les passionnés. Voilà ce qui fait battre le cœur de cet homme hors du commun qui me glisse à l’oreille avant de partir que pour lui les Romanée Conti doit être bu sans manger….

Patricia Courcoux Lepic

Le Bistro à Champlain: 75, Chemin Masson, Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson

Québec, Canada J0T  1L0. www.bistroachamplain.com

 

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