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La Maison Hermès est bien plus qu’une grande entreprise. Tel le dieu messager dont elle porte le nom, elle siège depuis plusieurs générations sur l’Olympe du luxe à la française.

La Maison Hermès est devenue un empire dans l’univers du luxe. Mais les débuts de son histoire furent d’abord ceux d’une famille protestante qui émigra d’Allemagne pour fuir des persécutions au début du XIXe siècle. Thierry Hermès a en effet à peine vingt ans lorsqu’il gagne Paris et ouvre une modeste boutique de bourrelier-sellier dans une petite rue près de l’église de la Madeleine. Né à Krefeld en Allemagne en 1801, Thierry Hermès est maître artisan harnacheur-sellier : il confectionne et vend des harnais et des équipements pour chevaux. Il ne sait pas qu’en ouvrant ce premier magasin, il écrit la première page de l’une des plus grandes sagas de l’histoire du savoir-faire et du luxe à la française.

À cette époque, Paris est en plein essor. Le moyen de transport le plus utilisé est le cheval, ce qui suscite une certaine émulation entre les artisans pour être le meilleur carrossier, sellier ou encore harnacheur. À force de perfectionnement, le petit atelier devient rapidement une référence en matière d’équipements équestres et obtient la médaille de première classe (récompense ultime) lors de l’Exposition universelle de 1867. Dès lors, il sera sans cesse sollicité par les dirigeants du monde entier comme le tsar Nicolas II, qui devient son client privilégié. Un premier pas pour se placer dans les sphères de la haute société.

En 1878, Charles-Émile Hermès prend la succession de son père à la tête de l’entreprise. Il étend les activités de l’atelier à la maroquinerie en proposant des sacs, des pochettes et des sacoches en cuir pour les cavaliers. Le sac haut à courroie, créé en 1892 pour permettre aux cavaliers de ranger leurs bottes et leur selle, est aussitôt un très grand succès. Vers 1880, à la suite des grandes transformations de Paris par le baron Haussmann, la Maison Hermès déménage au 24 Faubourg Saint-Honoré. Cette adresse installe définitivement l’entreprise sur la voie du luxe en la rapprochant d’une clientèle fortunée dont les attelages se croisent sur les Champs-Elysées.

Du cheval à l’automobile

Les petits-fils du fondateur, Adolphe et Émile-Maurice Hermès, observent attentivement le développement de l’automobile quelques années plus tard. Grâce à l’essor de la voiture personnelle, ils sont certains qu’il existe un marché pour la vente de bagages plus adaptés à ce nouveau moyen de transport. C’est donc tout naturellement qu’ils transposent aux bagages le savoir-faire de leur grand-père Thierry Hermès : la couture au point sellier. Émile-Maurice Hermès est l’un des pionniers du système de fermeture à glissière dans la maroquinerie et dans la mode ; il obtient l’exclusivité d’utilisation en France de ce procédé qu’il a rapporté des Etats-Unis : la fermeture Eclair. Désormais seul aux commandes de l’entreprise après avoir racheté les parts de son frère, Émile-Maurice étend à d’autres domaines les activités traditionnelles de maroquinerie de ses ateliers. Ainsi, dans les années 1920, la Maison Hermès pose sa signature sur des ceintures, de la ganterie, de la couture, des bijoux, des bracelets-montres et des nécessaires de voyage pour le sport et l’automobile.

En 1929, la soie utilisée pour les casques des jockeys donne naissance au célèbre foulard : le carré de soie Hermès. C’est la modéliste Lola Prusac qui, en dessinant des maillots de bains imprimés, a l’idée de créer des écharpes assorties. C’est elle encore qui, en cherchant des motifs, découvre deux planches représentant les hémisphères et les fait imprimer. L’esprit du carré est né. Puis, au début des années 1930, Lola Prusac découvre à Montparnasse les œuvres du peintre néerlandais Piet Mondrian. Elle convainc Émile-Maurice Hermès de faire fabriquer une ligne de sacs et de bagages directement inspirée des œuvres du peintre, avec des incrustations de cuir rouge, bleu et jaune : des valises et des sacs à incrustations géométriques apparaissent dans les vitrines. Naissent aussi dans ces mêmes années les plus célèbres créations Hermès : le sac à main baptisé ultérieurement « Kelly » (voir en encadré), l’agenda, le Sac à Dépêches, le bracelet en argent avec les maillons chaîne d’ancre, la veste et la tenue de cavalière. Toutes ces créations deviennent rapidement des pièces mythiques. La maison fête son centenaire en 1937 et de nouvelles boutiques voient le jour à Cannes, Biarritz et Deauville.

Une célèbre boîte orange et son ruban

Après la Seconde Guerre mondiale, la mythique boîte orange et son ruban de bolduc marron, ainsi que le logo de la voiture attelée, deviennent la signature et les signes de reconnaissance de la Maison. Ce logo célèbre a pour origine un dessin à la mine de plomb rehaussé de gouache blanche, une œuvre du peintre Alfred de Dreux. Ce tableau avait été acheté dans les années 1920 par Émile-Maurice Hermès pour décorer son cabinet de curiosités. Il a toujours sa place dans son ancien bureau situé au deuxième étage du 24 Faubourg Saint-Honoré.

Robert Dumas-Hermès prend les rênes de l’entreprise à la mort de son beau-père en 1951 (il a épousé sa fille). Non seulement il poursuit avec application le développement créatif d’Hermès, mais il se concentre aussi sur les carrés de soie et imagine les cravates en 1949. L’Eau d’Hermès, première création de parfum d’Hermès, est élaborée en 1950 par Edmond Roudnitska, l’un des plus grands parfumeurs de son époque : la fragrance hespéridée, épicée et florale, est un clin d’œil aux effluves de cuir de la Maison.

Grâce à Annie Beaumel, les vitrines des magasins deviennent emblématiques et ressemblent à de véritables scènes de théâtre. Le magasin parisien est le rendez-vous des célébrités : Grace Kelly, le duc et la duchesse de Windsor, Ingrid Bergman et Jacky Kennedy sont des clients fidèles.

En 1976, le bottier anglais John Lobb (chausseur de la famille royale d’Angleterre et propriété de la famille Lobb) arrive dans l’univers du groupe Hermès. En 1978, Jean-Louis Dumas-Hermès prend la tête de l’entreprise. Il lui insuffle un nouvel élan en redynamisant les activités de la soie, du cuir et du prêt-à-porter. Il lance immédiatement la montre Hermès en propriété exclusive par le biais d’une filiale Suisse, puis l’émail et la porcelaine. Les services de table de la Maison figurent en bonne place sur les listes de mariage des jeunes mariés des beaux quartiers. L’orfèvrerie et le cristal suivront. Dans les années 1990, la maison achète l’orfèvre Puiforcat et devient également actionnaire majoritaire de la Cristallerie de Saint-Louis.

En 1987, Hermès fête ses cent cinquante ans et s’affirme dans sa singularité d’entreprise industrielle de luxe, se nourrissant des valeurs artisanales de ses métiers. Avec une véritable pensée de visionnaire, Jean-Louis Dumas-Hermès entraîne le groupe de luxe dans une spectaculaire croissance, portée par la quête constante de perfection de tous ses produits : Hermès est aujourd’hui l’un des fleurons du luxe français.

En janvier 2006, Patrick Thomas remplace Jean-Louis Dumas Hermès, aux commandes l’entreprise depuis 1978, et devient ainsi le premier gérant qui ne fait pas partie de la famille.

La marque à la petite calèche orange a aujourd’hui une très bonne image dans le monde entier et ne semble pas souffrir de la crise économique. Le groupe affiche avec aplomb une augmentation de sa croissance trimestre après trimestre, avec une forte accélération fin 2012. Toutes les régions ont connu des croissances à deux chiffres en fin d'année. Hermès compte 204 succursales gérées en direct et 125 concessions exploitées par des partenaires. Il ne prévoit en 2013 qu’une seule ouverture, à Ningbo en Chine, et l’agrandissement d’une douzaine de magasins. La société inaugurera également à Paris en septembre une boutique de sa griffe chinoise Shang Xia.

Lorsque l’on demande à Patrick Thomas la recette magique qui lui permet d’afficher une si belle performance, il répond que cela tient à deux ingrédients simples mais solides : « Un savoir-faire unique et une clientèle mondiale qui n'achète plus de beaux objets pour les montrer mais pour se faire plaisir ». Les clients d’aujourd’hui sont plus sophistiqués que ceux d’hier et préfèrent l’élégance discrète au luxe qui affiche un statut social. Ce n’est pas la stratégie d’Hermès qui a changé, mais bien le goût des consommateurs.

Petit histoire du mythique sac Kelly

Créé en 1935, le sac s’appelle simplement « sac de voyage à courroie » ou « sac à dépêches ». Il dérive du célèbre « sac haut à courroie » pour cavaliers. Le succès du Sac Kelly n’est pas immédiat. Il ne survient qu’en 1956, lorsqu’une photo de la célèbre actrice Grace Kelly et de son fiancé le Prince Rainier montre la future princesse portant ce sac. Les clientes le demandant en boutique sous le nom de « sac Kelly », Hermès décide de le renommer en 1977 du nom de jeune fille de la princesse de Monaco. Ce sac Kelly est un sac à main muni d’une fermeture à deux courroies en cuir très caractéristique, il est doté d’un petit cadenas et de quatre clous à sa base qui permettent de le poser partout. Considéré comme le « classique » des ateliers Hermès. Chaque sac est fabriqué à la main, exigeant dix huit heures de travail d'un artisan. Les coutures sont réalisées à la main avec du fil de lin passé à la cire vierge d'abeille. Il est marqué d'un poinçon permettant de retrouver sa date de fabrication ainsi que son atelier d'origine et le nom de l'artisan.

Patricia Courcoux Lepic

 

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